10/10/2012
Dino Buzzati : Le désert des Tartares
Le désert des Tartares paru en 1940 est certainement le roman le plus célèbre de l’écrivain italien Dino Buzzati (1906-1972) qui à cette époque était journaliste chroniqueur au Corriere della Sera.
Le jeune lieutenant Drogo pour sa première affectation est envoyé à la frontière, au fort Bastiani. Le roman se déroule en un lieu qui n’est jamais cité, tout au plus sait-on que nous sommes dans « le royaume » et qu’au-delà du fort il y a « l’état du Nord ». La garnison a pour mission de surveiller le désert qui s’étend à perte de vue, dans la crainte d’une éventuelle attaque des Tartares. La vie au fort est faite de rituels et de routines, de relèves de la garde et d’échanges de mots de passe. Le temps passe inexorablement, chaque jour n’est pas un autre jour et le lieutenant Drogo qui pensait ne pas séjourner au fort longtemps avant d’être muté constate qu’il n’en est rien. Tous les officiers ne rêvent que d’une chose, une attaque des Tartares qui leur permettrait de montrer leur courage et donc d’obtenir honneurs et promotions. Le temps qui s’écoule devient un marécage dans lequel s’enlisent les esprits, paralysant les envies, et même Drogo finira par préférer rester au fort plutôt que de s’en éloigner alors qu’une ouverture s’offre à lui. Les années se succèdent, les promotions ne s’obtiennent que par l’ancienneté, bientôt Drogo devenu commandant s’aperçoit à l’aube de sa vie, qu’il est arrivé à la fin de sa carrière et que son existence s’est écoulée sans qu’il en fasse rien, si ce n’est attendre indéfiniment ces Tartares. Le destin s’avèrera cruel car c’est lorsque devenu trop vieux, trop faible et qu’on le poussera à quitter ce fort pour se reposer, que ces maudits Tartares apparaîtront à l’horizon.
Je connaissais ce livre de réputation depuis bien longtemps mais j’en différais la lecture car je m’imaginais qu’il serait – passez-moi l’expression – chiant ! Des types coincés dans un fort et qui attendent, attendent, interminablement… résumé ainsi ça peut laisser perplexe. Heureusement il en faut plus que ça pour m’empêcher de me lancer dans une lecture, si en plus le hasard d’une brocante me met en présence de l’ouvrage pour une somme dérisoire, là je n’hésite plus. Alors, ne faites pas comme moi, n’attendez pas – le temps passe trop vite, c’est un des thèmes du bouquin – et lisez ce roman.
« A présent, quelle vie ennuyeuse attendait Drogo ! Probablement le joyeux Morel s’en irait-il parmi les premiers, et, pratiquement, Drogo n’aurait plus un seul ami. Et puis toujours le même service de garde, les éternelles parties de cartes, les éternelles escapades jusqu’à la localité la plus proche pour y boire un peu ou avoir une piètre aventure amoureuse. Quelle misère se disait Drogo. Et pourtant un reste d’enchantement errait le long des murailles des jaunes redoutes, un mystère persistait obstinément là-haut, dans les recoins des fossés, à l’ombre des casemates, l’inexorable sentiment de choses à venir. »
Dino Buzzati Le désert des Tartares Livre de Poche
15:21 Publié dans Etrangers, ROMANS | Tags : dino buzzati | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |