09/09/2013
Targa Kolikov : Les eaux répétitives
Targa Kolikov, né en 1987, est un jeune écrivain vivant à Paris. Influencé par de nombreux courants, il écrit depuis une dizaine d’années. Son premier roman, L’Explosion inévitable, date de 2009. Par la suite il collabora à de nombreux sites internet sous pseudonymes et il publia articles et poésies inédits sur son site, http://wefightwords.com. De retour de ses nombreux voyages, dont le continent africain, Targa Kolikov reprend les chemins de l’écriture avec Les eaux répétitives qui sortira dans quelques jours et dont il m’a offert la primeur.
« Après une guerre sans merci entre les hommes et les machines, ces dernières vivent désormais seules au milieu de buildings vides. La violence de la guerre était l’une de leurs bases, la paix revenue, les machines apprennent ce que l’ennui veut dire. Deux androïdes discutent de l’attente et de la jouissance surprenante des hommes dans un souterrain antiatomique sous l’ancien Caire. De cette vie qui coulait dans les veines et qui permettait aux hommes d’être heureux ou de violer leurs enfants. Ces robots sont à la recherche de l’antidote contre l’ennui et ils fouillent dans les émotions universelles de l’Homme pour y trouver un peu de couleurs. Il reste un homme qui était le plus grand tueur de tous les temps durant la grande guerre. Les robots l’observent et tentent de saisir la puissance de la vie en essayant de comprendre comment se sont manifestés chez lui le rire, le bonheur, le dégoût, la peur puis la rage. Les cinq émotions que tout homme a intégrées, à croire qu’il existe des sensations naturelles et d’autres inculquées. Notre héro redécouvre ces émotions dites naturelles, par ses expériences de vie, tandis que les robots s’effacent peu à peu. Les eaux répétitives est ce fleuve d’où tout repart à zéro. Malgré la misérable horreur commune des hommes, de la torture comme média de communication, on continue de penser que derrière la misère du gris, il existe encore un peu de puissance et d’amour. »
Voici le résumé de l’ouvrage fourni par l’auteur et si l’on s’en tient là, sujet grandiose ouvrant des portes à de multiples réflexions profondes. Clin d’œil au service marketing, vous pouvez reprendre et utiliser ce dernier pan de phrase où il est fait mention par Le Bouquineur de « grandiose », pour vos annonces publicitaires futures, car la suite elle, risque de vous déplaire.
Exposé un thème par le biais d’un résumé c’est une chose, le développer en est une autre. Je n’ai pas du tout accroché à ce roman et si je me suis forcé à aller jusqu’au bout, c’est qu’il n’est pas trop long. Je n’ai pas aimé pour une raison très simple, il est quasiment incompréhensible à lire ! Au début, bienveillant, je me suis laissé abuser par le vernis de belles phrases sonnant comme de la poésie en prose (« Les temps sont des êtres, le futur est un poisson, le présent une mouche. ») ou des réflexions d’aspect philosophique mais dont le sens m’échappait. Je me suis donc attelé à décortiquer ce charabia – car il faut en passer par ce terme. Charabia ou galimatias, le roman entier n’est qu’un alignement de phrases creuses, ces phrases qui semblent s’écrire toutes seules sous vos doigts quand vous pianotez sur votre clavier d’ordinateur, je connais cette sensation quasiment magique.
Targa Kolikov a peut-être du talent, mais aujourd’hui il donne l’impression d’écrire seul dans son coin. Il faudrait qu’il se fasse conseiller par un tiers à l’œil objectif. Ne pas s’enivrer de sa propre écriture, savoir tailler et couper, remettre à plat ses idées pour qu’elles soient moins confuses. Lire et relire cent fois son texte, pour nous éviter ces expressions déclinées trop souvent (« clavier des trottoirs », « vents des trottoirs »), ou ce titre du 3e chapitre « Pageure » ??? Sans « e », je sais ce qu’est cet appareil mais ça n’a aucun rapport avec le texte… Et pourquoi avoir recours à ces mots grossiers (merde, s’en branler, couilles…) qui ne m’ont pas choqué car finalement courants, mais qui font taches ici dans le contexte lexical ?
Je m’aperçois mais un peu tard, que ce billet n’est plus une chronique mais un atelier d’écriture. Familiers de ce blog veuillez m’en excuser, auteurs en herbe piochez-y quelques conseils qui n’ont jamais fait de mal à personne, quant aux éventuels lecteurs de ce roman, n’oubliez jamais que seule votre propre opinion aura de la valeur. Targa Kolikov, si vous êtes écrivain dans l’âme, un mauvais roman ne vous condamne pas, mais vous devrez faire mieux la prochaine fois.
« Tétanisé par la douleur, l’homme criait des yeux et essayait de s’enfuir en tortillant des jambes. Le langage n’était plus possible, cela voulait dire qu’une forme de pouvoir n’existait plus. Notre héros prit la hache qui, elle aussi, s’épousait parfaitement avec l’agilité de sa main, et coupa au niveau de la nuque. Il dut s’y prendre par trois fois avant que la tête ne se détache car, et il le déplorait, l’arme avait perdu sa première jeunesse. Il essora la langue avec précaution en la tournant sept fois de suite, le sang quittait doucement sa demeure et il la mit dans sa poche, celle-là même d’où il avait sorti son couteau à enfant dans la petite église. Il vida ensuite son pistolet cracheur de balles, comme ça, juste pour le plaisir. Le corps ne bougeait plus, le calme arriva avec le poids lourd du non-bruit. »
Targa Kolikov Les eaux répétitives Editions numériques ELP EDITEUR (sortie prévue le 20 septembre 2013)
08:10 Publié dans JEUNES ECRIVAINS | Tags : targa kolikov | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |