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04/09/2021

De l’importance de l’âge

          Les critiques des romans abondent dans les médias et sur les blogs, tout le monde y va de son commentaire plus ou moins éclairé, et que je t’analyse ceci et que je prenne en considération cela, tout est disséqué – du moins pour ceux qui se donnent la peine de le faire…

Pourtant il est un critère quasiment ignoré de tous : l’âge ! L’âge de qui, du capitaine ? L’âge de l’écrivain et l’âge du lecteur, tout simplement. Oh ! purée ! Le Bouquineur va encore nous embarquer dans un de ses billets à la noix… Personne n’étant obligé de me suivre, je fais ce que je veux chez moi.

J’ai déjà abordé mollement ce problème dans le passé mais je vais m’y attarder aujourd’hui car je suis convaincu qu’il n’est pas neutre.

Comment peut-on raisonnablement mettre sur le même plan, un écrivain ayant vingt ans et son collègue qui en aurait soixante ou plus ? La même remarque s’applique aussi pour les lecteurs et donc aux blogueurs puisqu’eux nous donnent leur avis sur leurs lectures.

L’âge, c’est le terme réducteur pour dire l’expérience, le vécu. Un homme (ouais, ou une femme) de vingt ans ne voit pas les choses, ne les ressent pas comme un aîné du troisième âge (ça se dit encore ?). Dans ces conditions un jeune écrivain, à moins d’être génial, ne pourra pas utiliser la large palette que le vécu autorise à son grand-père.

Mais ça reste néanmoins possible car l’écriture, c’est aussi la roublardise, dans le sens positif du terme, qui permet de pomper des ressentis déjà décrits par d’autres dans leurs propres livres. Si on peut décrire un meurtre dans un polar sans avoir jamais tué personne dans la vraie vie, on doit pouvoir utiliser les mêmes astuces pour pallier le manque d’expérience dans d’autres domaines. Donc, dans beaucoup de cas, si on accepte l’idée que le métier d’écrivain est un job de faiseur, le critère de l’âge peut souvent être ignoré.

Par contre qu’en est-il du lecteur ? Là je suis beaucoup plus persuadé que l’âge est un facteur important et qui joue un grand rôle dans l’avis porté sur un livre. J’en veux pour preuve ce simple test : relisez un roman de votre jeunesse quand vous serez matures. Si vous l’avez déjà fait, et je suis certain que beaucoup l’ont déjà expérimenté, vous voyez que votre avis de vingt ans n’est plus celui de vos X années de plus. Ceci dit, ne nous méprenons pas, le grand âge ne signifie pas qu’on comprend ou ressent mieux ce que l’on lit ! Ce n’est qu’une question de point de vue, un angle d’approche qui diffère, comme contempler un monument par sa face ouest ou est. Si vous avez aimé le roman à vingt ans, vous aviez raison ; si vous le trouvez niais à soixante, vous avez certainement encore raison – ce n’est pas une règle stricte mais une possibilité recevable.

Où l’affaire se complique et confirme que « Le Bouquineur va encore nous embarquer dans un de ses billets à la noix », c’est que le vécu ou l’expérience restent des concepts flous en réalité – même s’ils sont clairs en théorie – car il y a des jeunes gens qui en ont plus vu et bavé dans leur courte vie que des vieux pépères assis dans leur fauteuil depuis toujours. 

Un billet qui se termine en eau de boudin ? Pas faux mais ça n’empêche pas d’y réfléchir.