24/03/2023
La lecture à travers les âges
Toi qui t’arrêtes pour la première fois ici, sache que je suis un lecteur d’un certain âge c’est-à-dire senior, troisième âge, autre, je ne sais plus comment on nomme les gens comme moi aujourd’hui.
Quand je regarde mon parcours de dévoreur de livres, je constate une nette évolution dans mes choix de lectures au fil des années. Je ne vais pas graduer cette évolution décennie par décennie, ce serait trop long et ennuyeux pour vous alors pour faire plus court je dirais qu’il y a eu trois étapes :
Entre l’enfance et la préadolescence, je lisais des illustrés (Mickey, Pilote…), des bandes dessinées (Tintin…), des contes, les livres de la Série Verte voire Rose, ce genre de choses que lisent tous les gamins.
De l’adolescence à l’âge adulte, ce fut l’explosion, les classiques de la littérature mondiale y sont passés soit pour mon parcours scolaire soit par plaisir, en citer un serait indélicat pour tous les autres. Touché par l’évolution du corps j’ai bien entendu louché vers les romans soignant l’acné avec des livres de qualité dissimulant des passages scabreux ou les exposant au grand jour comme ceux Henri Miller, D.H. Lawrence, Sade, Apollinaire… Une belle bibliothèque doit avoir son Enfer. Cette époque a été la plus riche pour moi, lecture voulait dire plaisir et instruction, d’où en plus des romans de toutes les catégories (SF, polars…) la quantité astronomique d’essais ou de livres avec une thématique précise que j’ai ingurgités (Ecologie, Sociologie, Psychologie, Politique, Economie etc.)
Désormais âgé, je continue à m’informer de la marche du monde et de ses idées du jour mais désespéré dans l’ensemble par ce paysage qui va devenir votre futur, j’ai banni de mes lectures (en général) les romans basés sur les misères relatées dans les médias. Pourquoi en rajouter une couche ?
Parenthèse : J’ai l’impression que la littérature d’aujourd’hui n’a plus que ces sujets à traiter et que c’est une tendance gangrénant tous les domaines, on s’attarde sur le pire plutôt que sur le meilleur, sur le triste plutôt que sur l’enjoué, la majorité des parutions littéraires et cinéma d’ailleurs, quand j’en lis les résumés, sont mortifères et anxiogènes. Le monde est moche et les masochistes s’en régale. Fin de la parenthèse.
Alors aujourd’hui je recherche des lectures prenantes (suspense), étonnantes (SF), souriantes/gaies/humoristiques (si rares en qualité…) ou bien loin de tout cela mais m’apportant une certaine sérénité morale comme cette relecture entamée depuis janvier, La Recherche du temps perdu de Marcel Proust où je suis tombé sur cette citation « Il y a déjà bien assez de laideurs dans la vie. Pourquoi au moins ne pas les oublier pendant que nous lisons ? » (Le Côté de Guermantes)
Je ne sais pas si ma confession éveille des échos chez certains autres lecteurs de ma tranche d’âge, est-ce une tendance observable chez la majorité des lecteurs prenant de l’âge, un travers de la vieillesse ou une situation bien compréhensible résultant de notre longue expérience ?
07:00 Publié dans Les débats | Tags : henri miller, d.h. lawrence, sade, apollinaire | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook |