09/09/2014
Joyce Maynard : L’Homme de la montagne
Daphne Joyce Maynard, née en 1953 à Durham au New Hampshire, est une écrivaine américaine, auteure de nombreux romans et essais. A 19 ans, elle a une relation d'un an avec J. D. Salinger qui la marquera profondément et qu'elle raconte dans Et devant moi, le monde. Son roman To Die For (Prête à tout) est adapté au cinéma par Gus Van Sant en 1995 dans le film du même nom. Son nouvel ouvrage, L’Homme de la montagne vient de paraitre.
A la fin des années soixante-dix, dans la banlieue de San Francisco, un tueur en série de jeunes femmes fait une quinzaine de victimes. Il sévit dans la montagne derrière la maison où habitent Rachel et sa sœur Patty, des gamines de treize et onze ans, vivant là avec leur mère dépressive. Leur père, séparé de sa femme, inspecteur à la brigade criminelle mène l’enquête sur le Tueur du crépuscule, comme l’appelle les médias. Trente ans après ces drames, Rachel devenue écrivain, se souvient et tentera de résoudre l’énigme, non encore élucidée.
Inutile de tourner autour du pot, ce roman est extrêmement décevant, par quelque bout qu’on le prenne. D’abord parce qu’il ne s’agit pas d’un roman policier bien qu’il en présente l’apparence ; nous ne savons rien de l’enquête proprement dite, menée par la police, Joyce Maynard confiant la narration à Rachel enfant et ce que l’imagination galopante de la gamine échafaude. Ce ne serait pas grave en soi, le thème du roman étant ailleurs, nous parler des tourments des jeunes filles s’éveillant à la vie, à la sexualité, aux couples séparés et plus globalement à l’échec. Le père vénéré ayant raté sa vie de famille comme il échouera dans sa capture du criminel. Sauf que même sous cet angle, le roman nous laisse parfaitement indifférents et c’est bien là son pire défaut.
Je passerai aussi sur les incohérences ou le manque de crédibilité de l’intrigue policière, sur l’astuce éculée et facile des visions de Rachel qui mène ses investigations personnelles… Le roman est tellement féminin, ça saute tant aux yeux que c’en devient une critique car ça le réduit à un « genre » de littérature, c’est épouvantable à dire je le reconnais, mais c’est un constat évident. Et je ne vous parle pas des cinq pages de remerciements, en mode d’emploi pour ceux qui n’auraient pas compris la teneur du roman. Ni même d’une relecture sérieuse par l’éditeur qui nous éviterait de voir attribuer la chanson archi-connue Whole Lotta Love de Led Zeppelin à Crosby, Stiils & Nash (p.40) ou les fautes d’orthographes dans le titre du groupe Lynyrd Skynyrd ! (p.54)
Pour ne pas nous fâcher, je résumerais en disant que c’est un bouquin d’une banalité affligeante, certainement pas plus mauvais que beaucoup d’autres, mais est-ce une excuse pour autant ?
« Je suis rentrée chez moi avec le manuscrit d’un livre intitulé L’Homme de la montagne. Plus question des sœurs harpiste et joueuse de tennis. Pas de titre accrocheur. Mais l’histoire, à peu de chose près, de ce qui s’était passé l’année de mes treize ans. Une œuvre de fiction, certes, mais dans laquelle l’une des sœurs inventait des histoires tandis que l’autre jouait au basket, avec un père détective et une mère toujours triste. Un homme confessait les crimes, qu’il n’avait pas commis. Le véritable assassin disparaissait. »
Joyce Maynard L’Homme de la montagne Philippe Rey – 319 pages -
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Françoise Adelstain
13:02 Publié dans Etrangers | Tags : joyce maynard | Lien permanent | Commentaires (5) | Facebook |