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29/04/2024

Brandon Hobson : Dans l’écho lointain de nos voix

brandon hobson, Brandon Hobson est un écrivain américain, nouvelliste et romancier. Titulaire d'un doctorat d'Anglais de l'Université d'Etat de l'Oklahoma, il enseigne la création littéraire à l'Université du Nouveau-Mexique et à l'Institut des arts des Indiens d'Amérique. Cet écrivain cherokee de l’Oklahoma, journaliste et enseignant, s’est rapidement imposé comme une voix incontournable de la littérature autochtone. Dans l’écho lointain de nos voix, son quatrième roman mais le premier à être traduit en français, vient de paraître.

De nos jours dans l’Oklahoma. Il y a une quinzaine d’années, Ray-Ray, un adolescent cherokee a été tué, victime d’une bavure policière. Depuis cette date, sa famille tente de vivre avec son chagrin. Maria, la mère « J’ai fait toute ma carrière dans le social, pour servir la justice dans un monde qui me donne l’impression d’en manquer », s’occupe de son époux Ernest atteint de la maladie d’Alzheimer ; Sonja, leur fille, habite plus loin dans la même rue, une solitaire, quant à Edgar, le fils cadet qui vit à Albuquerque au Nouveau-Mexique, c’est un drogué qui n’a pas la volonté de s’en sortir, « J’ai à peine vingt et un ans, et je suis déjà dans l’impasse ». Alors que l’anniversaire du décès de Ray-Ray approche, Maria prépare une petite fête et souhaiterait qu’Edgar puisse venir bien qu’il ne réponde pas à ses appels. C’est à cette période que les services sociaux de la ville, leur confient provisoirement en tant que famille d’accueil, Wyatt un jeune gamin…

Bizarre, émouvant, très beau. En gros voilà ce qui pourrait résumer ce roman.  

Roman choral ou chaque chapitre laisse entendre la voix d’un membre de la famille, qui tous à leur manière, expriment leur chagrin, la douleur de la perte d’un des leurs. Pour Maria et Sonja vous en découvrirez vous-même leurs propos et ce qui a modifié leur existence en conditionnant leur présent, c’est très beau et émouvant.

J’en viens au « bizarre ». Tout d’abord, il y a les chapitres où Edgar intervient, une sorte de mystère en entoure le récit, un coq sauvage le poursuit incessamment, il quitte sa copine et échoue dans une ville étrange où les Indiens sont reluqués avec méfiance, il loge chez un créateur de jeux-vidéos dont il semble qu’il utilise Edgar comme modèle de proie pour des tueurs d’Indiens, avec Ray-Ray qui apparaît sous forme d’hologramme ! On ne comprend pas très bien ce qui se passe mais est-ce bien la réalité, sachant que c’est un drogué qui s’exprime ? Le roman est aussi ponctué de chapitres liés à l’histoire tragique du peuple Cherokee (La Piste des larmes) sous forme de conte philosophique, les voix des ancêtres et les croyances indiennes planent vaguement en permanence tout du long du récit.

Le bizarre, l’émotion et la beauté du roman se condensent dans le personnage de Wyatt. Le gamin de douze ans s’avère présenter des similitudes de comportement et intérêts avec Ray-Ray ce qui déclenche des émotions puissantes en particulier chez le père qui montre des signes de guérison de sa maladie, la mémoire lui revenant lors de ses discussions avec Wyatt, un gosse plein d’entrain et de sagesse.

Je ne vous en dis pas plus, le roman est très bien et surtout très prometteur : un Indien dont on suivra la plume.

 

« Je pense aux complexités du temps, à la lenteur et à la vitesse auxquels il passe. Quinze années malheureuses se sont écoulées depuis la mort de notre fils. On a commencé à faire ces feux de joie pour le dixième anniversaire de sa mort, et ces cinq dernières années, c’est devenu pour nous une façon de nous réunir et de nous dire franchement les choses, de penser à l’importance de notre famille, de notre terre. Jusqu’alors, même si Ernest et moi avons grandi près d’ici, je n’avais jamais senti un lien aussi fort avec tout ce qui nous entoure. »

 

 

 

brandon hobson, Brandon Hobson   Dans l’écho lointain de nos voix   Albin Michel  - 293 pages -  

Traduit de l’américain par Stéphane Roques