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07/07/2018

Merci Mr Philippe Garnier

C’est bien gentil d’écrire des critiques de bouquins sur son blog, manière déguisée de tirer la couverture à soi, mais n’oublions jamais qu’un jour, quelqu’un nous a incité à lire et mieux encore à aller dénicher des livres ou des écrivains inconnus qui deviendraient ces pépites constituant notre culture littéraire. Moi je ne l’oublie pas et j’ai déjà ici, rendu grâce à Hyma La Hyène. Aujourd’hui je vais évoquer un autre passeur, au moins aussi cher à mes yeux, Philippe Garnier.

Philippe Garnier, Flannery O’Connor, Wilfred Thesiger, James M. Cain, Horace McCoy, Dashiell Hammett, David Goodis, John Fante, Rick Bass, Larry Brown, Hari Kunzru, Lawrence Millman,  Philippe Manœuvre, Philippe Garnier est un journaliste, écrivain et traducteur né au Havre en 1949. D’abord disquaire au Havre dans sa petite boutique, il fait la navette avec Londres où il fait ses emplettes pour s’approvisionner en rondelles en vinyle.

Moi, c’est au début des années 70 que je le découvre, alors devenu journaliste dans le magazine Rock & Folk, devenant « Notre homme à L.A. » du titre de sa rubrique quand il s’installe définitivement aux Etats-Unis en 1975, tout d'abord à San Francisco, puis à Los Angeles, où il vit toujours. Il écrit chaque mois des articles sur la scène punk américaine, racontant ses pérégrinations de chasseur de vinyles ; je ne m’étends pas sur ce pan de sa carrière (bien qu’elle me passionne tout autant, le rock et la littérature deux béquilles m’ayant aidé à traverser la vie) car il n’entre pas dans le cadre de ce billet. Mais déjà j’appréciais son écriture, le ton de ses articles et par-dessus tout, la somme abyssale de connaissances et de détails pointus qui étayaient ses écrits. Un fan fou furieux écrivant pour des dingos de la même famille.

Pour en venir à ce qui nous intéresse aujourd’hui, quand il s’est mis à rédiger de longs articles sur Dashiell Hammett ou David Goodis, par exemple, là je me suis dit « ce gars là il est terrible ! » Le type allait sur les lieux où vécurent les écrivains, sillonnait les rues de L.A. parlant des bars et des boites où se déroulaient les intrigues, expliquant que telle adresse n’existait plus ou ce qu’elle était alors devenue et qui la fréquentait… Philippe Garnier mettait mes polars en images. Ses papiers, truffés de références, incitaient à pousser des portes, découvrir des écrivains. Et y a-t-il quelque chose de plus jouissif qu’une découverte de qualité de ce genre ?

En tant que traducteur, il fait découvrir en France Charles Bukowski, avec la publication de Le Postier et Mémoires d'un vieux dégueulasse aux Humanoïdes Associés, dans la collection Speed 17 dirigée par Philippe Manœuvre, le monsieur rock français. Ces bouquins, un peu cheap dans leur présentation, sont dans ma bibliothèque, je vous les ai montrés sur ma page Facebook. C’est aussi à lui que je dois ma découverte de John Fante ayant traduit plusieurs de ses romans (Demande à la poussière) à moins qu’il n’ait écrit une préface (Rêves de Bunker Hill, Bandini), tous chez Christian Bourgois pour qui il traduit beaucoup.

Journaliste, traducteur, mais aussi écrivain. Ecrivain pour spécialistes, il fallait s’y attendre. Une dizaine d’ouvrages au total que je n’ai pas tous lus mais pour ceux que je connais : En 1993, Maquis, un recueil d'entretiens, rencontres, enquêtes sur Rick Bass et Larry Brown, entre autres. En 1996, Honni soit qui Malibu, est un recueil sur des scénaristes à Hollywood dans les années trente et quarante (James M. Cain, Horace McCoy…)  En 2001, Les Coins coupés, est un livre mi-fiction mi-recueil de ses articles mythiques de Rock & Folk. En 2006, Caractères, un bouquin pointu sur les acteurs de second plan du cinéma américain. En 2011, Philippe Garnier publie une compilation de ses articles sous le titre L’Oreille d’un sourd. Je me cite « Textes fouillés, rédigés par un maniaque du détail, sans langue de bois pour dessouder des icônes, balançant quelques vacheries de temps à autre, bref je me suis régalé tout au long de ces plus de cinq cent pages, longue virée au cœur de l’Amérique. » Sur les traces de Flannery O’Connor ou Wilfred Thesiger par exemple…

Depuis plusieurs années il participe également au journal Libération, d’abord en tant que critique de cinéma mais actuellement, c’est dans l’édition du week-end que je le retrouve parfois pour son article sur un nouveau roman venant de paraître et quasiment toujours, ses recommandations favorables me voient preneur. Derniers coups de cœur que je lui dois : Hari Kunzru (Larmes blanches) ou Lawrence Millman (Jesse le héros). 

Alors pour tout cela et pour la suite… Merci Monsieur Philippe Garnier !

 

 

Philippe Garnier, Flannery O’Connor, Wilfred Thesiger, James M. Cain, Horace McCoy, Dashiell Hammett, David Goodis, John Fante, Rick Bass, Larry Brown, Hari Kunzru, Lawrence Millman,  Philippe Manœuvre,