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15/03/2021

L’ami américain

Ce n’est pas un scoop, si vous passez par ce blog de temps à autre, vous avez constaté que j’aime beaucoup la littérature américaine. Pas que, mais plus que d’autres. Les raisons sont multiples et remontent à si loin… En fait, j’aime les Etats-Unis d’un amour aussi étrange que fasciné car s’y mêle aussi une répulsion pour cette Amérique profonde que Trump a mise au premier plan.

L’histoire débute quand j’étais encore un gamin, au cœur des années 50’. L’Amérique ça commence avec les westerns vus au cinéma avec ma famille durant les grandes vacances (La Prisonnière du désert…), ces films aujourd’hui mythiques avec John Wayne ou réalisés par John Ford, pour ne citer que ceux-là. La télévision, que nous avons eu assez vite, au début des 60’, prolongera mon attrait en augmentant le volume de films vus. Les décors m’éblouissaient, Monument Valley, les déserts, les prairies avec les bisons ou les forêts profondes, toutes ces splendeurs s’inscrivaient à jamais dans mon jeune cerveau. Les cow-boys j’aimais bien, les soldats ou Tuniques Bleues j’adorais mais ce qui m’excitait le plus, c’était les Indiens. Leur vie simple au grand air (on ne parlait pas écologie alors), l’exotisme de leurs mœurs, mais surtout leurs arcs (une branche courbée et un fil, ça semblait fastoche à faire pour un gosse comme moi) et leur ruses (de Sioux !) pour s’approcher des hommes blancs. Un numéro de Pilote (Mâtin quel journal !) leur consacra son Pilotorama (la double page centrale)  avec une carte des Etats-Unis indiquant l’implantation de chacune des tribus. Waouh ! Un must. J’étais donc déjà bien mordu.

Les années 60’ arrivent et avec elles, le rock entre dans ma vie pour toujours (L’émission radiophonique Salut les copains m’accompagnait en fond sonore quand je faisais mes devoirs au sortir de l’école). D’abord avec le rock Britannique, Beatles et Rolling Stones, là encore je n’en cite que deux sinon on n’a pas fini… Les Stones, outre leur musique, vont amorcer le réel grand bond, sujet de cet article. Sur leurs premiers enregistrements, il y a des reprises des bluesmen américains, à moi les Muddy Waters et autres pépites qui vont me faire m’intéresser de plus près aux USA ; ces types évoluent dans le Sud du pays, le Mississipi, puis remonteront vers Chicago pour un blues plus électrique. Des paysages et des contrées que je découvre. Les textes des chansons parlent de plantations de coton, d’esclavage, d’alcool, de femmes et de rixes, du bagne (Parchman Farm) etc. Je commence à avoir l’âge d’acheter la presse musicale française (Rock&Folk…) puis anglo-saxonne (Melody Maker, New Musical Express, Sound, Creem etc.) On y  dissèque les disques, musiques et textes, de tous les artistes émergents (Bob Dylan etc.), des références littéraires commencent à pointer au fil de mes lectures : titres de livres, noms d’écrivains. Une analyse sociologique, type de musique/région du pays, se dessine : le blues ont l’a vu, puis le rock de Californie, plus laid back, plus cool, plus tard la scène newyorkaise etc. Les beatniks sont devenus les hippies, le Flower Power explose, le Summer of Love m’achève. Les magazines français (Actuel) sont des mines d’informations pour moi, mes écrivains fétiches et fondateurs y sont évoqués, je note les références et commence à dépenser tout mon argent en disques et livres (Jack London, Charles Bukowski, John Fante, et les cadors du polar, Ed Mc Bain, Jim Thomson etc.).

La suite n’est qu’un enchainement logique, toujours basé sur les mêmes filières, les musiciens américains s’appuient sur des idées ou des concepts trouvés dans les romans de chez eux, ils en parlent dans leurs disques ou interviews, ça m’explose les neurones et je file à la FNAC ou chez Gibert à Saint-Michel… Aujourd’hui encore, un bouquin recommandé par un magazine de rock (Rolling Stone…) ou un journaliste ayant trempé dans cet environnement (Philippe Garnier…) attire plus souvent mon attention, qu’un article lu dans Lire, par exemple.   

Bien sûr, il n’y a pas « une » littérature américaine type mais différents courants littéraires et n’oublions jamais que ce pays est un continent ! Pourtant, toujours, pour moi – avis complètement subjectif, donc – il y a chez tous les écrivains d’outre-Atlantique un souffle (ça c’est le terme que j’emploie souvent quand je ne sais pas comment exprimer mon ressenti) si particulier, quelque chose qui m’ouvre l’esprit, comme lorsque l’on parle d’ouvrir la fenêtre pour aérer. La lecture des américains m’emporte vers des ailleurs exaltants, je suis comme porté par le vent. Tout le contraire – ok j’exagère, on est d’accord – de la littérature française par exemple, un peu ratatinée sur elle-même, ce qui n’interdit pas la qualité, pour autant. Les romans qui s’appuient trop sur la misère sociale du monde, très peu pour moi ; je suis l’actualité de près (radio, télé, presse et même la presse internationale), je sais ce qui passe et autant vous le dire, ça me déprime. Alors quand je lis un roman, je cherche l’évasion. Un bon roman inclut souvent du social et c’est parfait quand ça reste discret, mais s’il s’y vautre, merci ce n’est pas pour moi.

Je pourrais m’étendre ainsi sur des pages et des pages – que vous ne liriez plus – mais je pense que vous avez saisi l’essentiel. Je suis tombé dans la culture américaine petit et elle m’a marqué pour la vie (je vous ai épargné d’autres volets comme le cinéma, l’art (Hopper, Warhol…), la photographie (Annie Leibowitz, Edward S. Curtis …), la BD (pourtant j’avais tant à dire) etc.

Alors bien sûr, il a fallu que j’aille voir une partie de ce qui me faisait rêver. A l’aube des années 90’ j’ai humé l’air des rues en levant des yeux écarquillés au ciel pour voir les hauts buildings de New York, j’ai soupiré de nostalgie devant Haight-Hasbury à San Francisco et fredonné un blues en regardant couler le Mississipi à la Nouvelle Orléans… 

Donc, ici, c’est plus que souvent qu’on va parler de romans américains.