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06/03/2023

John le Carré : L’Espion qui aimait les livres

John le Carré, Nick HarkawayDavid John Moore Cornwell, dit John le Carré (1931-2020), est un romancier britannique ayant pris la nationalité irlandaise peu de temps avant son décès. Durant les années 1950 et 1960, Cornwell a travaillé pour le MI5 et le MI6 et a commencé à écrire des romans sous le pseudonyme de « John le Carré ». Son troisième roman, L'Espion qui venait du froid (1963), est devenu un best-seller international et demeure l'une de ses œuvres les plus connues.

L’Espion qui aimait les livres paru en fin d’année 2022, est un roman posthume « ce n’était pas un roman inachevé, mais un roman non publié » écrit vers 2013 ce que nous apprend la postface rédigée par son fils Nicholas Cornwell, écrivain de science-fiction connu sous le pseudonyme de Nick Harkaway.

Julian Lawndsley abandonne sa vie aisée de trader à la City de Londres pour gérer une librairie dans une petite station balnéaire de la côte est anglaise. A peine installé un étrange visiteur s’intéresse à son commerce et semble en savoir beaucoup sur Julian ; Edward Avon, immigré polonais habite une belle demeure à la sortie de la ville et affirme avoir connu le père de Julian aujourd’hui décédé, fréquenté au lycée. A Londres, Stewart Proctor de la Sécurité intérieure, informé qu’une taupe serait à l’origine de fuites d’informations confidentielles, mène son enquête qui l’amène jusqu’à Stewart et Julian…

Je connais très mal les romans de l’écrivain, je ne peux donc pas comparer celui-ci à ses précédents ouvrages, disons que c’est assez complexe à lire si on tient absolument à comprendre le machiavélisme des réseaux d’espionnage, trop de fils partant à droite et à gauche, de personnages usant de fausses identités ou personnalités, de secrets tus même à ses intimes. Ces passages sont un peu nébuleux/ennuyeux.

Par contre, si on accepte de lire le bouquin avec du recul pour en retenir la vue d’ensemble, ce n’est pas mal du tout. D’ailleurs, l’écrivain ne s’attache pas tant que cela à développer une intrigue strictement d’espionnage, il tente plutôt, me semble-t-il, de dresser un tableau du monde de l’espionnage. Les espions, des gens comme vous et moi de prime abord, menant des vies ordinaires à la lumière mais diaboliques dans l’ombre, des époux comme Edward et Deborah qui œuvrent tous deux pour la même maison a priori mais ce n’est pas sûr.

Il y a les hommes et les femmes, acteurs de ces manœuvres, mais au-dessus d’eux il y a l’Etat et le Service secret et là, John le Carré, n’est pas tendre, que ce soit pour pointer du doigt les faiblesses du Renseignement britannique ou bien pour critiquer la guerre en Irak et le rôle tenu par les services secrets américains et britanniques. Dépit, désillusion, mélancolie, l’auteur ne peut que constater l’affaiblissement de ce système.

 

« Et quand ils en auraient vu le bout, il lui demanderait franchement, d’homme à homme : Qui êtes-vous, Edward, vous qui avez été et avez prétendu être tant d’hommes différents ? Qui découvrons-nous quand nous avons retiré toutes les couches de déguisement ? Ou bien n’avez-vous jamais été que la somme de tous ces déguisements ? Et si tel est le cas, comment avez-vous pu supporter année après année un mariage sans amour au nom d’un amour plus fort, à en croire Ania, tout en sachant qu’il ne se concrétiserait sans doute jamais ? »

 

 

 

John le Carré, Nick HarkawayJohn le Carré   L’Espion qui aimait les livres   Seuil  - 231 pages -       

Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Isabelle Perrin