compteur de visite

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04/04/2019

Joyce Carol Oates : Valet de pique

Joyce Carol Oates, Stephen King,Joyce Carol Oates, née en 1938 à Lockport dans l'Etat de New York, est une femme de lettres américaine, à la fois poétesse, romancière, nouvelliste, dramaturge et essayiste. Elle a également publié plusieurs romans policiers sous les pseudonymes Rosamond Smith et Lauren Kelly. Son œuvre, conséquente, a fait l’objet de nombreux prix littéraires. Valet de pique date de 2017.

Andrew J. Rush, écrivain de romans policiers connu, mène une vie agréable avec sa femme Irina dans leur grande maison située dans un village du New Jersey. Ce que tout le monde ignore, même sa famille, c’est que sous le pseudonyme de Valet de pique, il écrit des bouquins très, très noirs, voire répugnants. Les « deux » écrivains auraient peut-être pu continuer à vivre leurs vies séparées encore longtemps, mais un petit caillou va venir contrarier l’entreprise : Haider une vieille femme, voisine locale, accuse Rush de l’avoir plagiée. Une accusation délirante mais qui sera lourde de conséquences psychologiques pour Andrew J. Rush….

Ca c’est du roman et du bon ! Joyce Carol Oates réadapte le thème du célèbre roman de Robert Louis Stevenson, Dr Jekyll et Mr Hyde, en jouant sur la double personnalité de son héros, Andrew J. Rush. La face pure offerte à tous, un écrivain célèbre et riche, faisant des dons aux institutions régionales et écrivant des polars moraux, sans obscénités ni sexisme et où les méchants sont toujours punis à la fin. La face sombre et inconnue de tous, un écrivain nommé le Valet de pique, publiant des ouvrages vite torchés plus malsains ou pervers. L’un écrit dans son beau bureau avec vue sur sa propriété, l’autre rédige ses horreurs de nuit, dans un petit local du sous-sol de la grande demeure.

Quand l’incident de l’accusation de plagiat frappe Rush, son équilibre mental en prend un sacré coup et la méchante petite voix du Valet de pique va désormais résonner en permanence aux oreilles de l’écrivain, le poussant à voir malice/danger là où il n’y a rien et l’inciter à réduire au silence de soi-disant ennemis. Page après page on voit le caractère de Rush changer, il se met à boire, devient de plus en plus désagréable avec sa femme en lui imaginant un amant. En même temps, des faits concrets et réels nous sont révélés, enfant Rush a été impliqué dans la mort de son jeune frère… Une première preuve de sa nature mauvaise ?

Andrew J. Rush n’est plus qu’une poupée entre les mains de ses deux « moi », le Bien et le Mal se livrent un combat sans merci dans sa pauvre tête. Ayant commis l’irréparable sous l’impulsion du Valet de pique, Rush va devoir affronter le Valet de pique pour le terrasser définitivement ; ce règlement de compte psychologique ne peut avoir qu’une seule issue…

Un excellent roman digne des meilleurs thrillers où Stephen King s’invite, en guest star. Le livre est aussi une réflexion sur le métier d’écrivain et tout ce qui fait la différence entre vouloir être et être (« Haider avait voulu être écrivain ; elle avait eu des idées inspirées, des idées brillantes, pour des romans policiers et d’horreur, mais elle avait été (manifestement) incapable de les mettre en forme, comme d’autres l’avaient fait avec un immense succès commercial. ») ainsi que sur la difficile gestion des plumes multiples, ego et alter-ego. Un roman psychologique qu’il faut absolument lire.

 

« J’avais du mal à empêcher mon nouveau roman policier de se métamorphoser continuellement en une structure plus complexe, voire imbriquée, que je ne l’avais prévu, ce que je savais être imprudent étant donné les contraintes du genre policier. Le titre en était Entrelacs, et sa structure devait être simple : une mise en contraste du « héros » et du « méchant » en chapitres alternés, puis, dans le chapitre final, la victoire du « héros » sur le « méchant ». Les lecteurs du genre comptent à bon droit qu’une sorte de contrat implicite existe entre les auteurs et eux : que le « mal » sera suffisamment puni, et que le chaos habituel du monde sera radicalement simplifié pour permettre une fin à la fois plausible et inattendue. »

 

 

Joyce Carol Oates, Stephen King,Joyce Carol Oates   Valet de pique   Points – 225 pages –

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Claude Seban

Les commentaires sont fermés.