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20/05/2019

Virginia Reeves : Un Travail comme un autre

Virginia ReevesVirginia Reeves a passé une partie de sa vie à Helena dans le Montana et vit aujourd’hui à Austin au Texas. Un travail comme un autre, son premier roman, date de 2016.

Alabama, dans les années 1920. Roscoe T Martin travaille dans une Centrale électrique, passionné par son métier, une modernité à l’époque, « j’avais besoin de travailler avec l’électricité, j’étais attiré par cette puissance cachée qui sommeillait jusqu’à ce qu’on l’allume. » Marié avec Marie, institutrice, père du petit Gerald, ils habitent la ville, jusqu’à ce que Marie hérite du domaine familial, une ferme où vivent et travaillent depuis toujours, Wilson et sa femme Moa, deux Noirs qui font presque partie de la famille. Contre l’avis de son époux, Marie décide qu’ils reprendront l’exploitation. Pour Roscoe cela signifie abandonner son métier et devenir fermier, un job qui ne l’intéresse absolument pas. Alors que l’électricité s’implante très lentement dans la région, Roscoe a une idée, il va se raccorder illégalement au réseau. La ferme électrifiée devient plus productive, les conditions de vie de la famille s’améliorent, jusqu’à ce que les autorités interviennent et emprisonnent Roscoe non seulement pour ses branchements illégaux mais aussi pour la mort d’un employé de la Centrale électrique, électrocuté quand il est intervenu sur le réseau clandestin…  

Un premier roman réussi, c’est toujours une claque pour un lecteur, et là, je peux vous certifier qu’elle est grosse la claque ! J’en ai encore les joues rosies par l’émotion. Tout est absolument parfait là-dedans et tellement dense que je ne sais même pas comment m’en sortir avec ma chronique.

Pour résumer succinctement, par amour pour sa femme, Roscoe va abandonner son métier tant chéri d’électricien pour se consacrer à celui de fermier, qu’il déteste ; pour améliorer le sort des siens il installe l’électricité dans la ferme. Durant quelques années tout roule, puis la Loi frappe et Roscoe est emprisonné pour dix ans. Sa femme le tient pour responsable de tout (leur famille détruite, la mort d’un employé de la Centarle, l’emprisonnement de Wilson aussi) et ne lui donne pas signe de vie, empêchant même son fils de le voir. Quand enfin libéré, Roscoe revient à la ferme, la situation est bien pire qu’il ne le pensait… et Marie est repartie vivre en ville.

Nous allons vivre avec Roscoe en prison, ses jobs à la laiterie, au chenil ou à la bibliothèque, endurant violences ou méchanceté des gardiens ou des autres prisonniers, mais aussi quelques agréments ou cocasseries (Taylor le directeur-adjoint qui ne sait pas lire, prend Roscoe sous son aile pour s’occuper des chiens). Et la seconde partie du livre, bien que nettement plus courte, n’en est que plus riche en émotions, en souffrances psychologiques et déceptions.

Tout au long de ce roman les livres, les lectures et les bibliothèques sont un environnement qui ne lâche jamais Roscoe. En toile de fond plus sociale, les mines de charbon, le sort réservé aux Noirs, l’électricité et le modernisme en marche, les conditions carcérales.

L’écriture de Virginia Reeves dépasse le simple talent de narration, c’est de la très belle littérature. Le roman est poignant, sublime dans sa dernière partie. Roscoe et Marie se sont déçus l’un, l’autre, et le lecteur n’a plus que ses yeux pour pleurer devant un tel gâchis et ses deux mains pour applaudir à tout rompre.

 

 

« Roscoe avait reçu une lettre de son ancien contremaître : la place était toujours libre si jamais il voulait la reprendre. Il était précisément en train de considérer cette option quand lui vint l’idée du transformateur, pareille à une vision : deux ou trois transformateurs, accrochés à un poteau fraîchement élevé, reliés à de nouvelles lignes qu’il aurait posées lui-même. IL voyait les lampes dans la ferme, l’électroménager que Marie aimait tant lorsqu’ils vivaient au village. Et il voyait la ferme sauvée. L’électricité avait ce pouvoir, il en était certain. »

 

 

Virginia ReevesVirginia Reeves   Un Travail comme un autre   Stock – 325 pages –

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Carine Chichereau

Commentaires

il a été au programme de mon club de lecture et j en'avais pas eu le temps de le lire, petite piqûre de rappel je le lirai certainement.

Écrit par : luocine | 21/05/2019

Ce roman est très bon. Il mérite que vous vous y intéressiez....ne le ratez pas.

Écrit par : Le Bouquineur | 21/05/2019

Les commentaires sont fermés.