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20/11/2025

Georges Simenon : Le Bourgmestre de Furnes

Georges Simenon, Georges Simenon est un écrivain belge francophone (1903-1989). L'abondance et le succès de ses romans policiers (notamment les « Maigret ») éclipsent en partie le reste d'une œuvre beaucoup plus riche. Simenon est en effet un romancier d’une fécondité exceptionnelle, on lui doit 192 romans, 158 nouvelles, plusieurs œuvres autobiographiques et de nombreux articles et reportages publiés sous son propre nom et 176 romans, des dizaines de nouvelles, contes galants et articles parus sous 27 pseudonymes ! Le Bourgmestre de Furnes, publié en 1939 ne fait pas partie de la série des Maigret.

Furnes, une ville néerlandophone de Belgique située en Région flamande, non loin d’Ostende. D’origine très modeste mais en intrigant, Joris Terlinck est devenu propriétaire d’une fabrique de cigares et bourgmestre de la ville. Respecté pour ne pas dire craint par tous, il est appelé le Baas, le patron, (« C’est parce qu’on a peur qu’on vous a nommé bourgmestre, car on savait que vous le vouliez et que vous y arriveriez malgré tout »). Quand l’un de ses employés, Jef Claes, vient lui réclamer une avance sur salaire pour financer l’avortement de son amie Lina, Terlinck refuse. Lina est la fille de Léonard Van Hamme, son pire ennemi politique ! Acculé, Jef se suicide après avoir tenté de tuer Lina.

Terlinck est touché mais reste droit dans ses bottes aux yeux de tous, pourtant, il va tenter de « réparer » par des cadeaux et de l’argent, en se rapprochant de la jeune mère, réfugiée à Ostende pour s’éviter les réflexions et regards outrés des habitants de Furnes.

Un excellent roman, baignant dans une ambiance lourde avec des pages très poignantes, centré sur l’étude psychologique d’un homme de caractère, qui a sa morale à lui et avec laquelle il ne transige pas.

Joris Terlinck est un homme au caractère complexe, balançant entre dureté inflexible envers quasiment tout monde et douceur cachée dans quelques rares cas. Homme de principes et de rituels auxquels il ne déroge jamais, ce carcan le protège des autres mais le contraint aussi, un grand écart que finalement il ne sait pas gérer et l’oblige à être dur.

Imaginez l’ambiance familiale, où chez ces gens-là on parle peu, les regards disant tout : il vit dans sa maison (« sa » maison à laquelle il tient tant) avec son épouse Theresa, craintive, toujours la larme à l’œil, atteinte d’un cancer, n’osant rien demander ou faire ; la bonne Maria, qui fut sa maitresse et avec laquelle il a eu un fils, non reconnu ; et Emilia, sa fille adorée, folle de naissance, elle vit recluse dans sa chambre fermée à clef, dans ses immondices et ses crises. Seul Joris s’occupe d’elle, avec tendresse et amour – seule trace de douceur chez cet homme. Et pas très loin, chez elle, sa mère qui lui reproche perpétuellement d’être riche ! Trop de femmes pour un seul homme ?

La vie du bourgmestre va commencer à se compliquer quand ses voyages quotidien à Ostende, voir Emilia, vont faire jaser la ville et pleurer un peu plus sa femme. Situation dont s’empare l’opposition politique pour le faire accuser de séquestration de sa fille. Le récit nous plonge dans la psychologie du personnage, nous faisant partager ses doutes, sa culpabilité et les pressions sociales qui pèsent sur lui.

 

« - Ecoutez, Terlinck… - Je n’écoute rien du tout… Vous avez pris l’habitude, tous, au conseil communal, de faire la charité avec l’argent de la ville… Vous avez promis au sacristain de vous occuper de son fils et c’est à vous qu’il vouera une reconnaissance éternelle… Moi, Coomans, je ne fais pas la charité… Je crois qu’elle ne sert à rien et qu’elle fait plus de mal que de bien… Si vous y tenez, vous proposerez votre petite affaire au prochain conseil et je voterai contre… - Savez-vous, Terlinck, que vous êtes… - Je suis tout ce que vous voudrez, monsieur Coomans, mais tant que j’administrerai la ville de Furnes, je l’administrerai comme il me plaira. Je ne crois pas aux subventions… Je ne crois pas aux gens qui ont besoin d’être aidés… Maintenant, il est temps que je m’en aille… »

 

Georges Simenon, Georges Simenon   Le Bourgmestre de Furnes   Gallimard Pléiade Romans 1  - 166 pages -     

 

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