31/10/2014
Qu’est-ce qu’un bon roman ?
Vous lisez mes chroniques, vous en écrivez peut-être et vous comme moi en venons, à la conclusion de nos billets, par déclarer que tel roman est bon ou mauvais. Mais qu’entend-on par « bon » roman ?
Comme toujours, chacun placera le curseur sur l’échelle des valeurs au niveau qui lui conviendra en fonction de ses goûts et attentes. Néanmoins, j’imagine qu’il existe un seuil de consensus permettant d’affirmer que ce livre est bon et celui-ci mauvais. J’aimerais, par ce billet, que nous puissions dégager ce minimum requis pour pouvoir le déclarer.
Pour moi, un bon roman doit associer une bonne histoire avec une écriture à la hauteur, du moins est-ce la première idée me venant à l’esprit. Mais ce n’est pas si simple, évidemment. Ma seule certitude, un bon bouquin ne peut pas être mal écrit. Eventuellement dans ce cas, il nous fera passer un moment agréable mais il ne pourra jamais être qualifié de « bon » roman. Inversement, un roman très bien écrit, ne suffit pas pour en faire un bon roman.
Une bonne histoire, c'est-à-dire un bon scénario, est-ce réellement impératif ? J’en suis moins certain à la réflexion. J’accepte qu’il ne se passe rien, à proprement dit, si l’aspect psychologique doit primer. Deux types assis face à face dans un fauteuil et discutant tout du long, peuvent faire un excellent roman. Par contre je ne tolère pas les scénarios sans queue ni tête avec des scènes ridicules, sauf s’ils doivent servir à exprimer humour, dérision ou critique. Du coup la notion de « bonne histoire » me paraît moins importante que prévue et plus floue.
Histoire et écriture, mais il faudrait y ajouter un troisième critère – qui peut être facultatif mais qui ne fera qu’accentuer la beauté de l’ouvrage s’il est présent -, une thématique en arrière plan, à savoir une vision d’écrivain, une fiction insérée dans un contexte social ou se référant aux mœurs d’une époque. Avec le risque d’obtenir un roman trop daté.
Nous voilà bien. A ce point de l’enquête nous n’avons pas avancé d’un iota ! Il faut du style, oui ; un minium d’histoire, peut-être ; un arrière-plan sociologique pour y mettre de l’intelligence, pourquoi pas. Notre cocktail est particulièrement complexe à élaborer car il s’avère que tout dépend du dosage.
Devons-nous en conclure que la recette du « bon roman » n’existe pas ? Personnellement, c’est un peu ce que j’espère car s’il suffisait de s’y référer pour écrire un bon bouquin, la littérature perdrait tout ce qui fait son charme.
Je vous donne ici l’avis de James Salter, tiré d’une interview donnée au magazine Lire d’octobre : « Nous savons tous reconnaitre un grand livre mais personne ne sait exactement pourquoi il est grand. Ce qui est certain, c’est que ce n’est pas un livre à message, ni un livre à connotation politique, par exemple. Ces derniers peuvent être de bons livres s’ils collent aux obsessions de l’époque, mais c’est insuffisant pour en faire de grands livres. (…) Quoi alors ? Le style ? Je ne crois pas non plus que ce soit suffisant : il y a des livres superbement écrits mais d’un ennui terrible. Je crois que ce qui peut signaler au lecteur un grand livre est la voix de l’écrivain. Certains écrivains sont aphones, d’autres ont une voix. Qui peut expliquer pourquoi ? C’est ainsi. »
Si vous avez un avis sur la question, n’hésitez pas à venir apporter votre contribution au débat, nous sommes tous, j’en suis certain, curieux d’entendre d’autres voix.
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