21/08/2025
Tommy Orange : Les Etoiles errantes
Tommy Orange, né en 1982, est un écrivain américain arapaho et cheyenne. Membre des tribus cheyenne et arapaho par son père, il passe toute sa vie à Oakland. Sportif, il pratique le roller hockey, passionné de musique, il possède un diplôme d’ingénieur du son. Il ne découvre la littérature que lorsqu'il a 20 ans et travaille dans une librairie de livres d'occasion. Les Etoiles errantes, son nouveau roman, vient de paraître.
Ce roman est le récit d’une saga familiale amérindienne (Cheyenne) s’étendant de la fin du XIXème siècle, quand Bird survivra au massacre de Sand Creek [Le massacre de Sand Creek est un événement des guerres indiennes aux Etats-Unis qui s'est produit le 29 novembre 1864, lorsque la milice du territoire du Colorado a attaqué un village de Cheyennes et d'Arapahos installé sur les plaines orientales, à l'est des montagnes Rocheuses, au bord de la Big Sandy Creek] à nos jours avec l’un des derniers héritiers (Orvil) pouvant être Tommy Orange ?
Nous assistons à l’assimilation forcée du jeune homme (« Assimilation est l’un de ces mots utilisés pour désigner les Indiens qui deviennent blancs afin de survivre, afin de ne pas se faire tuer. ») qui passe par la violence physique ou psychologique, il changera de nom pour s’appeler Jude Star, devra apprendre l’anglais et se convertir au christianisme. Et la lignée de se perpétuer, contre vents et marées, toujours dans la douleur avec son cortège classique d’alcools et de drogues.
En fil rouge, la difficulté pour eux de préserver leur culture (« J’étais trop petite quand on m’a arrachée aux miens, après quoi l’école a transformé en péché tout ce que je savais. Il faudra te satisfaire de ce qui me reste à partager, à transmettre. ») et à ce titre l’une des descendantes de Bird occupera l’île d’Alcatraz [Le 9 novembre 1969 un événement spectaculaire attira l'attention sur les Amérindiens et Alcatraz. Avant l'aube, 78 Amérindiens débarquèrent sur l'île. Le groupe conduit par Richard Oakes, un Indien mohawk, directeur du département des études indiennes au collège d'Etat de Chicago fut rejoint par d'autres Amérindiens le 20 novembre, et, en moins d'un mois, ils furent environ une centaine, originaires de tribus différentes. Ils rédigèrent une déclaration intitulée « Nous tenons le Rocher » dans laquelle ils proposaient d'acheter Alcatraz avec des perles de verre et des chiffons de toile, comme les Blancs l'avaient fait pour Manhattan, trois cents ans auparavant. Ils exigeaient, en outre, la création d'un centre culturel et universitaire à Alcatraz, où ils pourraient recevoir dans leur langue une éducation conforme à leur culture, à leurs pratiques cérémonielles, à leurs croyances et où ils apprendraient à vivre en accord avec leur propre philosophie naturelle. Il fallut un an et demi avant que les autorités ne réussissent à déloger les Amérindiens de l'île en coupant l'eau, l'électricité et le téléphone.]
Identité et héritage culturel, traumatismes historiques subis par les Amérindiens, notamment les massacres et les politiques d'assimilation forcée, tels sont les principaux thèmes de ce roman qui néanmoins me laisse sur ma faim. Certes il y a de très beaux passages, souvent émouvants, mais l’ensemble m’a ennuyé, souvent un peu perdu par la technique narrative employée par l’écrivain. J’ai failli abandonner rapidement ma lecture, je me suis cramponné et au fur et à mesure ça m’a paru plus lisible et la fin est très belle, optimiste ?
Pour résumer, je ne suis pas emballé.
« J’ai toujours eu l’impression qu’on ne s’en est pas assez bien sortis. Que notre lignée familiale est faible, d’une certaine façon. Affaiblie par les effets du passé, de la colonisation, du traumatisme intergénérationnel. Mais aussi pas suffisamment forte pour transmettre avec succès sa langue ou ses traditions. Parce qu’il nous manque quelque chose. Je n’ai pas pris en considération tout ce qui est arrivé. Ni depuis combien de temps ça nous arrive. Nous descendons de prisonniers d’une longue guerre qui ne sait jamais arrêtée. Elle faisait toujours rage quand ma mère a participé à l’occupation d’Alcatraz. Moi aussi, j’ai pris part à la lutte. Et mes petits-enfants. Mais survivre ne suffit pas. Traverser les épreuves ne faisait que renforcer nos capacités d’endurance. Le simple fait de durer, c’est bon pour une muraille, une forteresse, mais pas pour un être humain. »
Tommy Orange Les Etoiles errantes Albin Michel - 355 pages -
Traduit de l’américain par Stéphane Roques
06:00 Publié dans Etrangers, ROMANS | Tags : tommy orange | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
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