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01/09/2025

Laure Murat : Toutes les époques sont dégueulasses

Laure Murat, Laure Murat, née en 1967 à Paris, est une historienne et écrivain française. Son champ d'études s'étend à l'histoire de la culture, l'histoire de la psychiatrie, les études de genre. Elle est actuellement professeure au « Département d'études françaises et francophones » de l'université de Californie à Los Angeles (UCLA).

Toutes les époques sont dégueulasses, citation empruntée à Antonin Artaud, et sous-titré Ré(é)crire, sensibiliser, contextualiser, est un essai paru ce printemps, où Laure Murat aborde la question de la réécriture et de la récriture des textes classiques ou des best-sellers, s’interrogeant sur la tendance actuelle à réécrire ou à censurer les œuvres littéraires jugées problématiques. Elle appuie sa démonstration à partir d’exemples tirés des livres de Ian Fleming (Misogyne), Agatha Christie (Et l’affaire des Dix Petits Nègres), Roald Dahl (Antisémite), Hergé, Mark Twain etc.

Le sous-titre intrigue avec ce « Ré(é)crire », Laure Murat faisant une différence essentielle entre « récrire » consistant à remanier un texte en fonction des critères actuels (racisme, misogynie…), il s’agit alors d’une correction de la forme qui induit une modification du message, et « réécrire » qui lui, est un acte créateur.

L’essai est très court, je ne vais pas le recopier ici, venons-en directement à la conclusion, si conclusion il y a ! Laure Murat avance l’idée que la réécriture des œuvres littéraires du passé pour les conformer aux valeurs d'aujourd'hui n'est pas la bonne méthode. Effacer, cacher ce qui a été serait rendre le lecteur moderne ignorant du passé et lui faire croire que les valeurs qui sont dénoncées aujourd'hui, sont nouvelles et modernes, alors qu’elles découlent justement de cet historique qu’on voudrait lui cacher. Elle propose donc, non pas de toucher aux textes, mais au contraire de continuer à les publier tels quels mais en les faisant précéder de préfaces qui les remettraient dans leur jus d’alors, à partir d’analyse du contexte historique et de la personnalité de l’écrivain : « pour reconnaitre la nécessité de déconstruire la violence de certains textes, tout en évitant les écueils de la récriture. »

Laure Murat aborde également la question de la censure et du wokisme, qu'elle considère comme des épouvantails utilisés dans les débats culturels et elle critique l'hypocrisie des éditeurs qui chercheraient à maintenir leurs profits en adaptant les œuvres aux valeurs contemporaines, et s’éviter une perte de ventes.

En dernier ressort, Laure Murat en vient finalement à dire, si ces livres heurtent votre sensibilité, ne les lisez pas !

 

« Gommer le racisme de l’auteur ou de l’autrice, c’est une chose. Mais celui des personnages ? N’est-ce pas supprimer une information importante sur leur personnalité et leur conception de la société ? Dans beaucoup de romans, les injures à caractère raciste sont le plus souvent une façon de dénoncer, à travers un personnage haïssable, une idéologie qui ne l’est pas moins. Si tout devait être arasé dans le même sens, cela reviendrait à récrire, en dépit du bon sens, des histoires dans un monde où le racisme n’existe pas. Vraiment ? »    

 

Laure Murat, Laure Murat   Toutes les époques sont dégueulasses   Verdier  - 75 pages - 

06:00 Publié dans ESSAIS | Tags : laure murat | Lien permanent | Commentaires (4) |  Facebook |

Commentaires

Lu et approuvé! En effet c'est (trop) court et inutile de tout raconter. je l'ai prêté à une bibliothécaire, et n'ai pas écrit de billet.

Écrit par : keisha | 01/09/2025

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C’est toujours compliqué de chroniquer ce type d’ouvrage : expliquer le propos de l’auteur serait reproduire ses mots pour ne pas déformer sa pensée… Retenons l’essentiel, un bouquin très intéressant à lire !

Écrit par : Le Bouquineur | 01/09/2025

Tout cela semble relever du simple bon sens, ce qui est inquiétant, c'est qu'il soit nécessaire de la rappeler...

Écrit par : Ingannmic | 01/09/2025

Répondre à ce commentaire

Exact ! Mais le bon sens ayant quasiment disparu à notre époque, il est bon, tant que certains savent encore ce que c’était, d’en faire état…. Espérant (en vain ?) qu’il réapparaisse un jour.

Écrit par : Le Bouquineur | 01/09/2025

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