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16/05/2017

Le roman-pantoufle

Je n’ai dû employer cette expression, roman-pantoufle, qu’une fois ou deux sur l’ensemble de mes billets publiés à ce jour, par flemme d’avoir à expliquer ce que j’entendais par-là. Il est temps que je développe ma pensée.

Catégorie littéraire non reconnue par les professionnels du livre, à juste titre puisqu’elle est tout à fait arbitraire et personnelle, elle a néanmoins une signification. Tout d’abord vous devez bien comprendre que dans mon esprit, malgré la connotation légèrement péjorative qui pourrait découler du terme « pantoufle », le roman-pantoufle n’est jamais un mauvais roman. Jamais ! Au contraire, il s’agit toujours d’un bon, voire d’un excellent roman. Mais alors, pourquoi inventer ce nouveau qualificatif et ne pas se contenter de « bon » ou « excellent » qui parlent d’eux-mêmes ?

Parce que ces deux mots sont trop généraux et s’appliquent à tous les genres, du roman à l’essai, tous les livres peuvent être bons ou excellents. Le roman-pantoufle lui, est un sous-genre du roman exclusivement, avec des caractéristiques bien précises.

Le roman-pantoufle, tout comme la pantoufle à qui il doit son nom, doit être familier pour le lecteur. On met ses pantoufles sans y réfléchir, on ne se pose pas la question de savoir s’il pleut ou s’il fait froid, si notre vêtement s’accorde avec les chaussures. On enfile ses pantoufles en rentrant chez soi, on y est immédiatement bien et à l’aise, confortablement chaussé, c’est le propre de la pantoufle, sa raison d’être. Être en pantoufles c’est être chez soi. Tout comme avec le roman-pantoufle.

Vous commencez à entrevoir mon raisonnement. Le roman-pantoufle est un roman dans lequel on entre comme chez soi. Avant même de l’avoir ouvert on sait que sa lecture sera agréable, ce que confirme immédiatement les premières pages et s’avérera vrai jusqu’à la fin. Un roman-pantoufle ne me surprend pas (je ne parle pas de l’intrigue proprement dite), il suit un déroulé classique et logique. Le plus souvent (toujours ?) j’ai déjà lu des romans de l’auteur et je sais comment il articule ses histoires, en ouvrant son nouveau bouquin je suis en terrain connu. Mais attention, ça ne suffit pas pour en faire un roman-pantoufle, oh que non.

Venons-en aux critères déterminants, ou du moins majoritaires, le roman-pantoufle est un roman policier anglais. Roman policier car ce genre doit s’astreindre à respecter des codes qui se perpétuent depuis Raymond Chandler jusqu’à aujourd’hui –  les romans s’en exemptant ne sont pas des romans-pantoufles. Donc lire un roman policier c’est se glisser en terrain connu : un cadavre, des suspects mais un seul coupable, un enquêteur. Le roman policier ancien ou écrit à l’ancienne, est presque toujours un roman-pantoufle.

Mais pourquoi anglais ? C’est le point crucial et majeur, la cerise sur le gâteau qui caractérise le vrai roman-pantoufle. Parce que j’adore les décors anglais, les demeures ou châteaux de style victorien, les classes supérieures et de petite noblesse, le thé et les petits napperons, le majordome guindé et dans ce microcosme bourgeois, le cadavre qui attend qu’on s’intéresse à lui. Environnement cossu et apaisant pour crimes de sang.

Mon roman-pantoufle par excellence, c’est un livre d’Agatha Christie. Mais dans un genre non policier, ce sera un P.G. Wodehouse, par exemple. Comme je l’ai dit en entame, roman-pantoufle n’est pas péjoratif, bien au contraire.  

Et vous ? Avez-vous des catégories « secrètes » ou très personnelles dans lesquelles vous classez virtuellement des livres ? Prenez votre temps pour répondre, je ramasse les copies dans une dizaine de jours, le temps de quelques vacances…