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04/11/2023

Le lecteur personnage de roman

Avec les livres on peut voyager à travers le monde entier ou plus simplement sillonner la France, avec les livres on va partout. Or, partout, ce sont aussi des lieux que l’on connait très bien, alors quand un roman se déroule dans un de ces endroits, il prend une place particulière dans notre imaginaire. J’en ai fait l’expérience plusieurs fois, constatant que même si le livre n’était pas extraordinaire, le simple fait qu’il se passe dans des lieux familiers m’interdisait d’être trop critique avec lui car sa lecture avait réveillé en moi des souvenirs très chers.

Quand je parle de lieux que l’on connait bien, je pense surtout aux lieux que l’on a fréquentés très jeune. Dans mon cas, ma jeunesse remontant loin, ce sont quasiment des souvenirs d’une autre époque, une vraie préhistoire si on la compare à nos jours présents. Lieux bien connus, donc ville ou quartier où l’on a vécu, éventuellement passé des vacances mémorables ; des endroits dont la géographie est restée gravée dans notre esprit, plan de la ville, rues du quartier, monuments et commerçants, tous ces éléments créant une urbanité ou une ruralité topographique.

Plus le lieu servant de décor au roman est ancien dans notre mémoire, plus la lecture du roman prend de l’intérêt, car comme vous le savez aussi bien que moi, la mémoire nous joue des tours. Dans mes souvenirs d’enfant, les surfaces des lieux que j’ai connus, sont beaucoup plus grandes que dans la réalité : il y a quelques années j’étais retourné voir l’immeuble parisien où j’ai vécu jusqu’à l’âge de dix ans, ma plus grande surprise a été de constater que la cour de l’immeuble où je jouais avec ma voiture à pédales puis avec mon vélo à quatre roues, était minuscule. Dans mon souvenir elle était assez spacieuse pour que j’y démène mes petites gambettes !

Un roman se passant dans un de nos lieux de mémoire, marie les droits accordés à la fiction à l’écrivain pour en faire ce qu’il veut et l’époque qu’il a choisie pour y mettre son intrigue, avec nos souvenirs qui eux-mêmes ne sont qu’une réalité arrangée, notre mémoire sélective liée à notre vision du monde étant encore enfant s’étant créée un décor proche de la réalité « vraie » mais pas tout à fait réelle.

Revenir par la lecture, aujourd’hui avec nos yeux d’adulte et nos souvenirs d’enfant dans ces lieux décrits dans un roman devient un voyage initiatique d’un nouveau genre. Un retour dans le passé mêlera selon les cas, des souvenirs heureux ou tristes, mais toujours inventera une histoire en parallèle de celle que nous lisons. Comme je l’ai dit précédemment, le bouquin modeste prend ainsi une épaisseur inattendue qui doit peu à l’écrivain mais presque tout à notre imaginaire.

Le lecteur n’est plus un simple lecteur, il devient un personnage du roman, acteur muet, figurant, mais témoin privilégié, il suit le héros du roman comme son ombre, s’étonne peut-être quand le lieu ne ressemble pas à son souvenir ou s’agace de ne pas y voir ce qu’il attendait, mais retrouve le sourire quand au contraire il « voit » cet endroit où il a connu telle ou telle joie.

Finalement, lire ce type de romans s’avère une lecture très spéciale et très personnelle.