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02/02/2025

Revue de presse

L’année débute bien, Francis G. directeur de collection chez Albin Michel m’adresse ses bons vœux avec en fichier joint, un texte de Ben Shattuck (La Forme et la couleur des sons *) préfigurant le recueil de nouvelles éponyme qui paraitra début avril. Oui, je me la pète un peu mais de temps en temps c’est bien agréable…

Dans Le Monde des Livres du 10 janvier, un long entretien avec Kamel Daoud, « Je quitte l’Algérie, j’arrive en France, je vois ce qui se passe dans le reste du monde, et qu’est-ce que je constate ? J’y retrouve l’islamisme obsédé par nos libertés, par la culture, par le corps des femmes. Ce n’est pas nous qui sommes obsédés par l’islamisme, comme on aime à le répéter. » Dans ce même numéro, le nouveau bouquin de Hanif Kureishi, Fracassé (Christian Bourgois), où il nous livre ses réflexions à la suite de son grave accident, « à la fin de 2022, alors qu’il était à Rome avec son épouse, Isabella, Kureishi a fait une chute qui l’a laissé paraplégique. » Un plus long papier avec entretien dans le Figaro Littéraire du 30 janvier.

La semaine suivante, le journal me tente avec le nouveau roman de Dave Eggers, Tout (Gallimard), « l’écrivain imagine un géant de la tech en mesure de façonner les comportements humains. Hypnotisant. » « De tous les thèmes abordés, le plus passionnant est celui du consentement implicite des personnages à une forme assumée de totalitarisme. » Et le magazine LIRE de renchérir « objectivement glaçant ». Seul bémol pour moi, le bouquin fait 640 pages ! Plus modestement, je note un petit polar de Sébastien Rutés, Pas de littérature (18-18), qui se déroule en France dans les années 50 où le héros est traducteur de la Série Noire en construction.

Du côté du Figaro Littéraire du 16 janvier, une très bonne critique du roman de Paul Lynch Le Chant du prophète (Albin Michel), « Le roman est d’une beauté féroce. Inoubliable. » Voilà qui conforte mon propre avis et celui de tous les critiques. Par contre le nouveau bouquin de Haruki Murakami, La cité aux murs incertains (Belfond) ne me donne pas très envie de le lire, plus de 500 pages, et la conclusion de l’article « A travers cette histoire qui musarde dans le monde murakamien, il livre des pistes pour vivre. Ne pas chercher à tout comprendre en est une. » Mouais…

L’édition du 30 janvier est plus copieuse. Pour information et pour ceux qui n’auraient pas lu l’intégralité des romans de Jim Harrison, Métamorphoses, un Gallimard Quarto présenté par Brice Matthieusent regroupant des romans et des nouvelles de l’écrivain disparu il y a presque dix ans (mars 2016).

Les amateurs de BD avait de quoi lire, Festival d’Angoulême oblige. Un long papier pour l’angle économique du secteur, « le marché de la BD accuse un recul de 9% en volume, tandis que les marges se réduisent » mais le recul n’est que de « 4% en valeur 2024, selon Gfk, la différence s’expliquant par la hausse des prix des ouvrages ». Rassurez-vous (?) « beaucoup d’éditeurs préfèrent voir le verre à moitié plein, sur le moyen terme, la BD et le manga ont définitivement grimpé d’une marche ». Autre long article sur le même sujet, « Comment les mangas s’approprient l’histoire occidentale » : « la manifestation charentaise accueille trois mangakas fascinés par l’Europe et l’Occident. Des récits à succès venus d’ailleurs qui ouvrent la bande dessinée japonaise à un public de plus en plus large. »

Le Festival inspire aussi un double article au Monde daté du 31 janvier. « Crise et défiance au Festival d’Angoulême. La société qui organise la manifestation est critiquée pour sa gestion financière et humaine. » Le second article basé sur l’artistique, « Gou Tanabe dans les profondeurs sombres de Lovecraft. Le mangaka, exposé à Angoulême, s’est lancé depuis dix ans, dans le projet fou d’adapter les écrits du maître de la science-fiction. »

Le magazine LIRE daté de février offre matière à picorer ou du moins à noter quelques références tentantes : un nouveau polar de Hugues Pagan, L’Ombre portée (Rivages), de l’écrivain qui ne manque pas de style, « Il n’est pas si fréquent que le roman noir français, qui vire trop souvent au suspense factice ou à l’angoisse frelatée (…), atteigne un tel degré d’intensité dramatique sans jamais porter atteinte à l’écriture ni au plaisir du récit. » Et Le Figaro de rajouter, « Pagan est à son meilleur. Style et élégance réunis. » A moins que je n’essaie le roman de Lauren Groff, Les Terres indomptées (L’Olivier), qui se déroule à l’époque de la colonisation de l’Amérique, « le récit prend la forme d’une fascinante parabole, des sacrifices qu’impliquent toute liberté, de la peur ancestrale des femmes et de la rapacité de l’âme américaine, en germe dès l’arrivée des premiers colons », « une expérience de lecture haletante, au cœur des ténèbres ».

Dans ce magazine, quelques réflexions piochées ici et là, Pierre Michon « Chaque livre qu’on écrit exige une double opération inconsciente : faire comme si c’était le premier livre jamais écrit et appeler à la rescousse le souvenir et l’influence de tout ce qu’on a lu ». Pierre Lemaitre qui déteste voyager, « En fait, si j’ose la comparaison, je me situe plutôt dans les pas de Jules Verne qui a décrit le monde entier sans bouger de son bureau de chez Hachette. Le débat divise les auteurs : existe-t-il une plus-value du réel ou pas ? ». Régis Debré à propos de son nouvel ouvrage, Riens (Gallimard), où il constate l’effondrement actuel de la lecture en France, regrette la fin de « la culture de service public » qu’incarnait « le moment Apostrophes » et déplore la disparition des grands « écrivains-intellectuels », dont il fut, effacés d’un monde médiatique désormais entièrement consacré aux émotions et aux images. »

Le magazine Rolling Stone de février nous propose un entretien avec Nathan Hill, « lauréat du Grand Prix de la littérature américaine grâce au foisonnant Bien-être, qui interroge tant sur les méandres d’un couple que ceux des Etats-Unis. » « Je ne vise pas l’épopée américaine en écrivant. Ce que j’essaie de faire, c’est de proposer l’histoire la plus honnête possible sur mes personnages. » Par contre, peut-être me laisserai-je tenter par Cinquante Etats d’Amérique de Guillaume Hennerette (Les Arènes), où l’auteur passe en revue ces Etats « à travers un génial bric-à-brac d’informations plus sidérantes les unes que les autres. Un road-trip de fous. »

 

 

 

*Si vous m’en faites la demande je vous en envoie une copie