17/03/2014
William Boyd : L’Attente de l’aube
William Andrew Murray Boyd, né en 1952 à Accra (Ghana), est un écrivain, scénariste et réalisateur britannique. Il fait ses études à l'université de Glasgow, à l'université de Nice, en Écosse et à Oxford où, après ses études, il enseigne la littérature. C'est à cette époque qu'il publie son premier roman Un Anglais sous les Tropiques (1984). En tant que réalisateur il n’a qu’un film à son actif, La Tranchée en 1999, avec Daniel Craig. Or, admirez la transition, la famille Fleming a choisi William Boyd pour écrire la suite des aventures de James Bond et l’écrivain vient de rendre sa copie avec Solo qui vient de sortir en librairies. William Boyd est marié et partage sa vie entre le Sud-ouest de la France (Dordogne) et Londres. Le roman, L’Attente de l’aube est paru en 2012.
Le roman se déroule durant la première guerre mondiale, entre Vienne, Genève et Londres. Lysander Rief, un jeune comédien anglais, séjourne à Vienne pour tenter de résoudre par la psychanalyse un problème d’ordre très intime. Dans le cabinet d’un disciple de Freud il rencontre une jeune femme très attirante, premier pas dans une vie nouvelle qui le verra guérir de son infirmité intime mais l’obligera à fuir l’Autriche comme un voleur, avec l’aide calculée, de deux diplomates britanniques. Dès lors, notre héros se retrouvera embringué dans une aventure d’espionnage où il devra découvrir le nom de la taupe, au sein de l’administration anglaise, renseignant l’ennemi.
Roman d’espionnage classique dans le style bon chic, bon genre. Avec des Anglais… So British, de belles femmes troublantes autant que suspectes, un héros bien fait de sa personne et des maris jaloux, un psychanalyste, des attachés d’ambassade mystérieux, un code secret planqué dans un livret d’opéra. Peu de scènes d’action et très vite expédiées, des salons où l’on boit du thé, des pubs où l’on descend des bières et une intrigue qui prend son temps à se lancer.
Au début j’ai pensé qu’il s’agissait d’un pastiche du genre mais à la réflexion, non, William Boyd s’est tout simplement essayé au roman d’espionnage et il s’en sort admirablement bien. Même si l’intrigue est assez roublarde pour nous tenir jusqu’aux dernières lignes, le plus réussi reste néanmoins l’écriture. C’est le type de bouquin où l’on se laisse aller à lire, rien que pour le plaisir de lire ! Je ne suis pas certain de me faire bien comprendre, mais ce que je veux dire c’est que le style est sans heurts, les phrases et les actions s’enchainent merveilleusement bien, tout est parfaitement huilé. Il n’y a pas de hauts et de bas, mêmes les rebondissements ne font pas sursauter, certains le regretteront peut-être – critiquant son côté trop lisse -, moi j’ai adoré.
Un bon roman, de ceux dont la seule déception vient avec l’arrivée redoutée du point final.
« Pour autant que Lysander l’ait compris, la théorie du « Parallélisme » de Bensimon s’appuyait plus ou moins sur les lignes suivantes. La Réalité est neutre, ainsi qu’il l’avait expliquée – « émaciée » était un mot qu’il avait employé à plusieurs reprises pour la décrire. Ce monde, non perçu par nos sens, demeure là-bas comme un squelette, appauvri et sans passion. Quand nous ouvrons nos yeux, quand nous sentons, entendons, touchons et goûtons, nous ajoutons de la chair à ces os selon notre nature et la manière dont notre imagination fonctionne. Ainsi, l’individu transforme « le monde » - l’esprit d’une personne tisse sa propre et éclatante couverture sur une réalité neutre. Ce monde que nous créons est une « fiction », il est à nous seul, il est unique et non partageable. »
William Boyd L’Attente de l’aube Editions du Seuil - 412 pages –
Traduit de l’anglais par Christiane Besse
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